La mouche dans la peinture
| Libellés : Peinture | Posted On vendredi 9 juillet 2010
De la mouche diabolique à la mouche de beauté…
La mouche, sans doute le plus petit animal représentable en peinture est un modèle de choix par sa délicatesse pour le peintre de textures qui a ainsi l’occasion de manifester son habileté.
Dans la doctrine chrétienne, l’insecte est associé au mal, au diable, au péché. Image du tourment et de la torture, il évoque aussi la passion du Christ. La mouche peinte peut également représenter une sorte de prévention contre la possibilité qu’à sa place se trouve une vraie mouche, en référence au dicton de la médecine médiévale : “simili similibus curantur”, c’est à dire le semblable soigne le semblable.
Mouches symbole de la mort
Giovanni Francesco Barbieri, Et in Arcadia ego, 1628
Barthel Bruyn, Vanité, 1493-1495
Peintre Allemand, Vanitas, 1600
Mouches symbole de la corruption et de la vénalité
Lucas Cranach , La transaction pécuniaire, 1532
Mouches symbole de l’éphémère
Ambrosius Bosschaert, Bouquet de fleurs
Christian Berentz, Verres et plat e biscuits, fin XVIIème siècle
Juan Van der Hamen Y Leon, Nature morte avec verres, céramique et biscuits, 1622
Mouches symbole de la Passion du Christ
Carlo Crivelli, vierge à l’enfant, 1473
Giovanni Santi, Christ de pitié, 1490
Peintre Italien, Vierge à l’ enfant, XVIème siècle
Mouches symbole éphémère de la beauté
Jean Monneret, L’ombre des vanités, 1993
Annonyme, Portrait de femme, XVème siècle
Maître de Francfort, Le peintre et sa femme, 1496
Peu à peu, à partir de la seconde moitié du XIXème siècle, les mouches en même temps qu’elles sont chassées des villes par l’hygiène, vont disparaitre de la peinture. Elles feront au XXème siècle quelques apparitions dans les œuvres de Dali ainsi que chez les peintres plus traditionnels des écoles du trompe-l’œil comme Corneille.
Jean-Jacques Corneille, Mémoire, 1992
Salvador Dali, la persistance de la mémoire, 1931
Salvador Dali, Progressivement
Pour les précieuses du XVIIème siècle qui avaient baptisées les mouches de beauté “taches avantageuses”, elles étaient irrésistibles. Accessoires essentiels de la beauté, ces morceaux de taffetas noir placés sur la joue auraient servi à l’origine d’enseigne du mal de dent. Apposées sur le visage et le décolletée, elles servaient aussi bien à rehausser le blancheur de la peau qu’à séduire le galant.
La dame à la jarretière, 1742, François Boucher (1703-1770)
Charles- Antoine Coypel. Jélyotte sous un travesti féminin, vers 1745. (Louvre)
François Boucher, Une Dame à sa Toilette
François Boucher, Le petit déjeuner, 1739
Ecole Autrichienne, Vanité, 1769
Un petit jeuLe langage de la mouche de beauté était fonction de son emplacement, saurez-vous découvrir ce langage ?
Où se trouve la passionnée, la galante, la coquette, l’enjouée ?
Solution :
Si l'usage des mouches de beauté était déjà connu au XVIIème siècle et faisait l'objet d’un langage bien précis, c'est au XVIIIème siècle qu'elles vont devenir les symboles de la parure.
- Elles portaient toutes des noms :
Près de l'œil, elle se nomme assassine ou passionnée.
Au coin de la bouche, c'est la baiseuse.
Sous la lèvre, elle devient friponne ou coquette.
Sur le nez, effrontée ou gaillarde.
Sur le front, la majestueuse
Sur la joue, c'est la galante.
Sur une ride, dans le creux du sourire, elle est enjouée.
Sur la poitrine, c'est la généreuse.
Sur un bouton, la receleuse.
Ou bien sur le menton, ne serait-ce point la discrète ?
Cette mode disparaitra à la fin du XVIIIème siècle. Il faudra attendre un bon siècle pour que cette mode soit à nouveau en vigueur. Dans les années trente, l’emplacement favori est le coin de l’œil droit, les spécialistes du maquillage les vendent en boîtes. On les fixe en humectant la partie encollée. Nous sommes à l’ère de la mouche autocollante. Les adeptes du piercing n’ont rien inventés avec la “médusa” et la “Madonna” qui agrémentent la lèvre supérieure.
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et "le vielleur à la mouche" de De La Tour ( MBA de Nantes )