Le rouge en peinture
| Libellés : Peinture | Posted On jeudi 7 mars 2013
Le rouge en peinture... Une couleur insolite
Le rouge a un statut à part. Il est à l'origine du nom d'Adam, le premier homme ( du latin Adamus qui veut dire fait de terre rouge ). La couleur rouge avec le blanc et le noir est l'une des trois bases colorées des sociétés antiques : l'Antiquité grecque et latine dispose d'une multitude de mots pour l'exprimer.
Il faut également préciser qu'un argument technique renforce la primauté du rouge : teindre un tissu ce sera pendant des siècles, le teindre en rouge car c'est la teinture que l'on réussit le mieux et qui est la plus stable. On utilise des pigments végétaux comme la garance ou des animaux comme la cochenille ou le kermès importés d'Orient. Mais la pourpre est la plus fameuse et est obtenue à partir du suc d'un coquillage appelé le murex. C'est une matière doublement précieuse car elle coûte cher dans la mesure où il faut des milliers de coquillages pour obtenir quelques grammes de colorant ensuite elle porte en elle une valeur symbolique : c'est à la mort de l'animal que le suc jusqu'alors transparent devient rouge. La pourpre devient ainsi la couleur du pouvoir et de la dignité. Elle est réservée aux empereurs romains et byzantins, aux chefs de guerre et plus tard elle sera l'apanage des dignitaires de l'Eglise.
Voici quelques peintures représentant des personnages vêtus de rouge :
Bronzino, Portrait de Giovanni de Médicis avec un oiseau
Bartolomeo Van der Helst, Enfant avec un coquillage
Bronzino, Lucrezia Panciatichi
Catherine Parr
Princesse Elisabeth Tudor
Jean -François Portaels, Portrait d'une maghrébine
Solario, Portrait d'homme
Moretto, Portrait de Gentilhomme
Le rouge dans tous ses états
Le rouge une couleur insolite et dangereuse, en effet sous Néron, celui qui est surpris à porter de la pourpre est passible de la peine de mort.
Portrait de Néron
Le rouge depuis des siècles, la couleur des bourreaux, du pêché et de l'enfer.
Détail du martyre de Saint Erasme, Bouts
Le rouge des rubriques (du latin "ruber", rouge ), ces passages d'un manuscrit que l'on écrivait en rouge pour les mettre en relief.
Le rouge secret lié aux sciences occultes :dans le fourneau de l'alchimiste qui opère la transmutation en or, "l'œuvre rouge" est le stade ultime où apparaît la pierre philosophale, celle qui fait accéder à la connaissance, à l'immortalité.
Teniers, L'alchimiste
Le rouge du Christ qui dans l'iconographie est représenté en bleu durant toute sa prédication et à la suite de sa résurrection revêt un manteau rouge, signe de son accession au divin tout autant que symbole du sang versé pour sauver l'humanité.
Lotto, Le Christ portant la croix
Le rouge de la Vierge, symbole d'une rivalité des couleurs. En effet, la Vierge fut à l'origine, plus encore que celle de l'image du Christ, d'une véritable guerre du manteau. Tantôt rouge tantôt bleu.
Joos Van Cleeve, Vierge à l'enfant
Le rouge de l'érotisme lié aux prostituées car elles sont souvent vêtues de rouge au cours des siècles. Une lanterne rouge signale aux passants les maisons closes. Les femmes rousses font l' objet d'une certaine fascination car on leur attribue une sensualité exacerbée.
Bartholomeus Van der Helst, Portrait de jeune femme avec coquillage
Waterhouse, Jeune femme rousse
Le rouge Lotto
Lotto, selon deux expertes américaines ajoutait dans ses pigment un ingrédient atypique : le verre d'où l'intensité si particulière de ses couleurs et tout particulièrement du rouge. Après la découverte, dans les archives de Venise, de l'inventaire d'un marchand de pigments qui vendait ses produits à la fois aux peintres, aux verriers et aux céramistes, l'une des expertes a supposé que tous ces artistes s'échangeaient leurs techniques. L'autre experte a analysé au microscope le tableau de Lotto représentant Sainte Catherine et elle a découvert dans le manteau rouge des particules de verre.
Lotto, Sainte Catherine
Lotto, Portrait de maître Marsilio et sa femme
Lotto, Annonciation
Bronzino, Portrait d'une dame avec son chien
La guerre du rouge et du bleu
C'est au XIIème siècle, que remonte la guerre du rouge et du bleu. Jusque-là le rouge régnait en maître. Certaines villes comme Caen, cultive la garance et s'enrichit grâce au rouge mais une autre ville Rouen décide de répondre à la demande de tons bleus et de faire pousser la guède, la plante qui donne le pastel. Certains corps de métiers soudoient les artistes, entre autres les maîtres verriers afin qu'ils représentent des diables non plus en rouges mais en bleus. A partir du XVIème siècle, le triomphe du bleu est assuré : les rois, les princes délaissent le rouge au profit du bleu. Seuls les hommes d'église continueront à porter le rouge.
Velasquez, Le pape Innocent X
D'autres articles à consulter : Vêtements et rayures, dentelles, le vert dans la peinture.
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